Les effets de mon choix se firent vite sentir, mon père me reniât. Il voulait que l’on m’abandonne dans les marais. Il n’arrêtait pas de répéter à ma mère :
« Une nécromant !!! Par les dieux une nécromant !!!! Qu’avons nous fait pour mériter une telle chose !!! ».
Je pense que si ma grand-mère n’avait pas été là… je serais vraiment morte dans les marais, dans cette boue infâme à l’odeur de souffre… comme mon père le désiré tant. Ma mère aurait cédé je le sais…
C’est donc ma grand-mère qui m’a recueillit après cette cérémonie, elle vivait déjà dans une petite maison à l’écart du village car elle n’aimait pas « les gens ». Après m’avoir accueillit, elle se retrouva isolée de la communauté. Mais elle s’en fichait, elle allait faire ses courses au village, « Un marchant ne refuse jamais de l’argent ma petite ! » me disait elle toujours et aussi « Les gens ont toujours besoin d’une guérisseuse tel que moi ». Et c’était vrai.
Elle était très bonne avec moi, n’élevant jamais la voix, ne me frappant jamais. Elle m’éleva comme une petite fille « normale », à part le faite que je ne pouvais jamais aller jouer en dehors de la propriété.
« Ma puce, je ne fais pas ça pour te punir, me disait elle, mais parce que les gens… ces gens qui ont peur de toi, les dieux seuls savent pourquoi, pourraient te faire du mal…»
Je vécu paisiblement avec elle jusque l’été de mes 5 ans. La vieillesse se faisait de plus en plus sentir, elle avait du mal à marcher et devenait peu à peu aveugle, je l’aidais comme je le pouvais mais une fillette de 5 ans est assez limitée… C’est alors qu’elle arriva, c’était une chaude soirée d’été, le soleil était sur le point de se coucher, le ciel prenait cette douce couleur rosée. On avait pour habitude de regarder les couchés de soleil, Nana adorait cela, j’étais devenu ses yeux.
Alors que je lui décrivais ce magnifique ciel, une silhouette apparue sur le sentier, au fur et a mesure qu’elle avançait, je parvins à distinguer une grande dame vêtue d’une combinaison de cuir noir étrange, elle avait une peau d’un blanc éclatant, bien plus blanche que la mienne qui s’était un peu teintée à force de jouer dans le jardin cette été là. Lorsqu’elle arriva au bas du perron elle s’inclina et dit :
« Bien le bonsoir Dame de la forêt, fille de l’herboriste. Je me nome Mya.
- Bien le bonsoir dit ma grand-mère alors que je me pelotonnais contre elle.
- J’ai fait un long voyage car j’ai entendu dire que vivait ici une fillette destinée à la voie des nécromants.
- Qui vous a dit cela !
La femme souris, ce sourire qui se voulait sûrement amical lui déformait son visage lui donnant un air carnassier
- Grenth est partout il sent ses disciples et les appelle.
Ma grand-mère ma sera fort contre elle, j’entendais son cœur battre à tout rompre et l’odeur de la peur qui émanée d’elle ne fit qu’accroître ma terreur.
- Je ne vous laisserai pas la prendre maintenant ! Elle est trop petite elle n’est pas encore prête à suivre votre enseignement.
- Ne dite pas de bêtises vielle femme, elle dois me suivre ! Elle vient d’avoir 5 ans c’est l’age où commence l’enseignement.
- Je ne vous la laisserai pas ! aboya ma grand-mère. Je…, son ton se radoucit, je ne vivrai plus très longtemps, la mort s’empare doucement de mon être, laissez moi ma Nienor jusqu’à ce que j’atteigne le bout du sentier je vous en supplie.
Il y eu un grand silence, Mya nous regardait avec intensité, je me disais qu’elle estimait peut être le temps qu’il restait à ma grand mère. Puis elle baissa la tête en soupirant.
- Très bien je vous la laisse, mais le jour de votre dernier souffle je viendrai la prendre.
- Merci…
La voix de ma grand-mère me surpris, elle semblait comme voilée, c’est quand je ressentis l’humidité de la joue qui se collait contre la mienne que je compris qu’elle pleurait…
La nécromant s’avançât vers moi, et me caressât les cheveux dans un geste tendre qui me surpris énormément.
- Nienor… sais tu ce que ton nom signifie ?
- Nienor est un nom de l’ancien peuple madame, il veut dire « le deuil ».
Elle sourit, j’avais moins peur d’elle, je sentais comme un lien entre nous.
- C’est un nom dur à porter... Je reviendrai te chercher lorsque ta grand-mère ne sera plus, pour t’emmener auprès des tiens. Elle se tourna vers ma grand-mère et lui dit : Puisse vos journées être plaisantes et vos nuits agréables. Adieu Dame de la forêt, au revoir Nienor.
Elle reparti de suite, sa silhouette s’effaçât au fur et à mesure dans ce ciel devenu couleur sang que j’associerais toujours à Mya. Car le ciel avait cette même couleur le jour où elle est revenue me chercher au printemps suivant.
Je me trouvais au chevet de ma grand-mère, elle dormait, sa respiration était calme et lente, son visage était serein. Sur la coiffeuse se trouvait une lettre portant mon nom, je ne devais l’ouvrir que lorsqu’elle ne serait plus, lorsque Mya arriverait.
Je repensais à ces derniers mois passés avec elle, à l’amour qu’elle m’avait donné, aux plaisirs de tous les jours que nous avions partagé. Mes yeux se remplirent de larmes qui ruisselèrent sur mes joues d’enfant. C’est alors que j’aperçu une silhouette dans l’embrasure de la porte, j’essuyais mes yeux pour d’ôter le voile de mes larmes afin de la reconnaître, c’était Mya… D’un coup, je me rendis compte du silence qui régnait dans la pièce, je me tournais vers ma grand-mère, elle ne respirait plus. Un cri de douleur sorti de ma bouche alors que je me penchais sur son corps et que mes larmes inondaient ses mains qui reposaient sur sa poitrine.
C’est alors que je la sentis me prendre dans ses bras.
« Elle est dans la clairière au bout du sentier ma petite, pleure la autant que tu veux mais lorsque tu passeras le seuil de cette maison tu devras te montrer forte. »
J’ai pleuré un petit moment, je me suis serrée contre elle une dernière fois. Puis j’ai pris les ciseaux qui se trouvaient sur la commode et j’ai commencé à me couper mes nattes.
- Ni…
- Elle aimait tant mes cheveux… fut le seul chose que je réussis à lui dire.
Elle ne fit rien pour m’arrêter. Mes nattes coupaient, je les mis entre ses mains. Je l’embrassais une dernière fois puis je rejoins Mya et lui tendis la main.
- Je te suivrais, mène moi auprès des gens qui seront les miens désormais.
C’est ainsi que je quittais l’endroit où j’étais née, dans ce couché de soleil rouge sang, l’âme endeuillée mais impatiente de rencontrer des gens tels que Mya. Des gens comme moi !
Suite au prochain épisode ^^