J'aurais aimé mêler mes larmes et mon sang à l'encre de ces lettres.
J'aurais voulu cracher ma hargne et ma haine tel des amours exsangues.
L'amour exige des sacrifices, or il n'est pas de sacrifices sans effusion de sang.
Liée que je suis par de terribles vœux désirés de tout mon être.
Dans mon apathique nature, il n'y a pas de place pour l'indifférence.
J'ai dis adieu aux plaisirs communs du monde commun, libérant ainsi ma vraie nature.
La peur n'apporte rien à l'homme, tel est notre dogme.
J'ai toujours été ainsi en fait, odieuse, cruelle, désabusée.
Empressée de goûter à la suave saveur du sang mêlé à l'absinthe,
qui peu à peu de pensées obscures me teinte.
Et moi qui porte toujours le cuir et la dentelle,
quand je vois toutes ces femmes qui étaient belles en leurs temps,
elles ont des maris tranquilles à leurs femmes bien prévenants.
Ou bien encore sont devenues nones au couvent,
enfermées, cloîtrées en des lieux étroitement.
Voyez leurs fronts qui se rident ! Et même si mes longs cheveux se grisent,
le reste ne me touche point, je resterai fille pour la vie !
Pour nous autres nécromants, le temps n'a que peu d'emprise
et de ses outrages - au plus profond de moi-même - je ris.
Car toutes ces vaines vies humaines se perdront dans la nuit,
comme les larmes dans la pluie.
Enfin la lueur de l'aube se précise, la cloche sonne...
A coté de moi personne, seul le vide m'accompagne !
Satory le jour de la première lune d'Imbolc.